Site du Mois - Juin 2013
La forêt de Sénart
La forêt de Sénart et les vestiges du camp retranché de Paris
Après la défaite de 1870 et le siège de Paris, la question de la fortification de la région parisienne se pose à nouveau. Dès 1874, une ceinture fortifiée est adoptée et les défenses de Paris sont modernisées suivant le système Séré de Rivières. Le camp retranché de Paris est alors protégé par de nouvelles fortifications qui mettent la capitale hors de portée de l’artillerie.
Mais, les innovations des années 1880 rendent rapidement ces forts obsolètes et seuls les ouvrages de défense des frontières Nord-Est et Sud-Est sont modernisés (blindage des armements, enfouissement des structures, construction en béton, …). Les défenses de la capitale, situées en seconde ligne, sont peu ou pas concernées par ces travaux et certaines seront même désaffectées en 1913 par l’armée.
Fort de Villiers près de Noisy-le-Grand
Dès le début de la guerre 1914-1918, Paris est un objectif pour l’état-major allemand. Devant ce constat, le Camp Retranché de Paris (CRP), alors commandé par le général Gallieni, est alors remis en activité.
Général Gallieni
Plus de 40 jours de travaux (tranchées, abris, batteries, …) seront nécessaires pour remettre en activité la ceinture fortifiée de la capitale. L’armée de Manoury, lors de la bataille de la Marne en septembre 1914, s’appuiera sur le CRP pour contre-attaquer les troupes allemandes en route vers Paris.
De nouveaux travaux seront entrepris au cours de l’année 1915, notamment en forêt de Sénart. Finalement, ces tranchées ne connaîtront jamais les combats et en septembre 1915 lorsque le front s’installe en Champagne, les soldats emportent tout avec eux (barbelés, pelles, fil de fer, …)
Peu à peu, avec la guerre de position, les forts sont partiellement désarmés pour permettre de combler le déficit en artillerie lourde des unités françaises. Ils reçoivent tout de même devant la multiplication des raids aériens allemands des batteries de défense contre les avions. Quelques leurres sont créés par l’état-major français pour construire des « faux-Paris » et induire en erreur les observateurs ennemis sur la position exacte de Paris.
La forêt de Sénart entre nature et histoire
Le complexe linéaire de tranchées, boyaux de liaison, abris et postes de commandement a été également installé en bordure de la forêt domaniale de Sénart. Totalement ignorés pendant plus de 90 ans, les vestiges de ce camp sortent de l'oubli et réintègrent la mémoire de la Première Guerre mondiale grâce à l’action de l’Office National des Forêts et du Conseil Général de l’Essonne.
Forêt de Sénart
Au déclenchement de la Grande Guerre, le territoire compris entre l’Yerres et la Seine ne fait pas partie des priorités concernant les défenses de la capitale : la présence de l’épaisse forêt de Sénart semble constituer un obstacle naturel suffisant aux armées ennemies.
Cependant, au lendemain de la première bataille de la Marne, il apparait indispensable d’y installer des ouvrages d’infanterie. Les forestiers se sont vu alors confier une mission-clef, celle de coordonner l’acquisition de bois pour les armées et les impératifs militaires de l’édification du Camp retranché de Paris en territoire boisé tout en veillant à protéger le patrimoine naturel du lieu. Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, les services forestiers grâce à des méthodes novatrices ont protégé la mémoire de la forêt de Sénart et préservé les vestiges de la guerre.
Cette découverte unique en France a été racontée lors de conférences, de visites commentées et d’une exposition du 9 au 30 novembre 2008 à la Faisanderie de Sénart à Tigery.
Tranchées de la Grande Guerre en Forêt de Sénart
Les recherches documentaires et archéologiques ont permis de mettre en lumière des tranchées, qui n’ont jamais vu les combats, et d’apprendre que le général Gallieni avait décidé en 1914-1915 de laisser 150 arbres de différentes espèces par hectare pour conserver le patrimoine naturel du lieu.
Dans le cadre de la Charte forestière de territoire du massif de Sénart présidée par le Conseil général de l’Essonne, l'ONF protège ce patrimoine et propose au public de découvrir ces vestiges uniques de la guerre 14-18 ayant survécu en Île-de-France.
Contact :
Faisanderie de Sénart
Tél. : 01 60 75 54 17
Par Jean-Bernard LAHAUSSE et Romain SERTELET
Mai 2013 | Juillet/ Août 2013 | |
Site du Mois | ||
Maison Robert Schuman | Fontaine Duroc | |
Scy-Chazelles | Pont-à-Mousson |
Crédit Photo : Fort de Villiers - © ASFV
Général Gallieni - © BNF
Forêt de Sénart - © Wikipédia
Tranchées de la Grande Guerre en Forêt de Sénart - ONF Fontainebleau