Lieu du Mois - Mai 2011
Les Eparges
Les batailles des Eparges (1915)
La crête des Eparges, au sud-est de Verdun, en bordure des Hauts-de-Meuse, est un des observatoires les plus avancés dans la plaine de la Woëvre. Cette hauteur stratégique se combine à une série d'autres crêtes et points avancés, hauts lieux de combats, comme la Crête de Combres, le Mongirmont ou la Côte des Hures.
Le massacre des unités
Depuis le 21 septembre 1914, les Allemands y ont développé une forte organisation de blockhaus et de réseaux de tranchées. La tâche de la reconquête, fixée au 17 février 1915, échoit à la 12e division d'infanterie, unité dans laquelle sert l'écrivain Maurice Genevoix comme sous-lieutenant au 2e bataillon du 106e régiment d'infanterie. Engagé aux Eparges de février à avril 1915, c'est au cours de ces combats les plus atroces qu'il sera grièvement blessé. Le même jour (24 avril 1915), Ernst Jünger, grand témoin de la guerre du côté allemand, reçoit, non loin de là, la première des nombreuses blessures qui émailleront sa carrière militaire.
Le paysage des entonnoirs sur la crête des Eparges
L'opération du 17 février permet de récupérer la partie ouest de l'éperon ( point C). Jusqu'au 20 février, les deux artilleries adverses déciment les combattants sur la hauteur. Les Français se font massacrer sur leurs nouvelles positions, mais résistent aux contre-attaques. La reconquête française est cependant incomplète et peu exploitable car seule la partie Est, redoutablement fortifiée et qui reste à prendre, donne des vues sur la Woëvre, c'est le point X. L'offensive générale reprend le 18 mars, puis le 27, mais ne marque qu'une modeste avance, pourtant meurtrière.
Echec définitif des Français au Point X
En même temps que l'offensive de Woëvre (avril 1915) échoue, de nouveaux assauts français tentent de progresser aux Eparges, à partir du 5 avril. Sans pouvoir l'emporter au point X, le point C au centre de la crête est cependant tenu malgré le feu terrible des lance-mines allemands. Les jours qui suivent, le terrain est abandonné puis repris au gré des attaques et contre-attaques plus violentes et sanglantes les unes que les autres. Les Allemands restent accrochés au point X qu'ils ne peuvent dégager, et au versant sud de la colline. Le commandant en chef Joffre met alors un terme aux attaques massives, constatant que les gains restent trop incomplets.
Un arbre-relique meurtri par la mitraille. Le Bois Haut, secteur des Eparges
A partir de la mi-avril 1915, la guerre change de visage aux Eparges. Le général Herr ordonne de déloger les Allemands du point X par des charges explosives souterraines. Tour à tour, chacun des deux ennemis prend alors provisoirement l'ascendant sur l'autre. La guerre des mines se prolonge jusqu'en septembre 1917 et décline ensuite. Elle ne procure de gain territorial à personne, malgré l'explosion au total de 46 charges allemandes et 32 française. Sur une longueur de seulement 800 m., ces mines creusent de spectaculaires cratères dont 18 sont toujours visibles. Les Français ont perdu 50 000 hommes dont 10 000 tués ou disparus ; les pertes allemandes sont comparables.
Longeant la crête, le sentier « Sur le haut de la ligne » délimitait la ligne de front
Importance de l'artillerie pour préparer les assauts et garder le terrain gagné, « lunéarisation » du sol, engagement extrême des affrontements, usure considérable des unités : les Eparges annoncent ce que seront les batailles de Verdun et de la Somme en 1916.
Rubrique écrite par Franck MEYER,
chargé de mission à la Mission Histoire
Revue de presse :
Est Républicain du 16 avril 2012 : "Chantier de débroussaillage au Point X"
Avril 2011 | Juin 2011 | |
Lieu du Mois | ||
Hôpital allemand de Gobessart | Deutsch Eck | |
Saillant de Saint-Mihiel | Arrière-front allemand |
Crédit Photo : Le paysage des entonnoirs sur la crête des Eparges
- © J. Grison
Un arbre-relique meurtri par la mitraille. Le Bois Haut, secteur des Eparges
- © J. Grison
Longeant la crête, le sentier « Sur le haut de la ligne »
délimitait la ligne de front - © J. Grison