Le temps de l’histoire
17/01/2012SIGNATURE DU PROTOCOLE D'ACCORD « FORET D'EXCEPTION »
LABELLISATION « FORET D’EXCEPTION » DE LA FORET DOMANIALE DE VERDUN
SIGNATURE DU PROTOCOLE D’ACCORD
La signature du protocole d'accord sur la labellisation de la forêt domaniale de Verdun en «Forêt d'exception » se déroulera le samedi 22 octobre 2011, à 16H00, à l’Abri du Pèlerin (Douaumont).
Cette étape importante dans le projet de requalification de la domaniale de Verdun sera placée sous le haut-patronage de M. Gérard Longuet. Christian Namy, Sénateur de la Meuse et Président du Conseil général et Jean-Pierre Renaud, Directeur Territorial de l’ONF Lorraine, signeront le protocole d’accord, fruit d’un an d’études et de concertations avec l’ensemble des acteurs locaux.
LA MISE EN ŒUVRE DU PROJET DE LABELLISATION
A l’occasion du Festival International de Géographie de Saint Dié des Vosges, le 7 octobre 2010, Hervé Gaymard, ancien ministre et actuel Président du Conseil d'Administration de l'Office National des Forêts, et Christian Namy, Président du Conseil général de la Meuse, ont annoncé la candidature de la Forêt Domaniale de Verdun au label "Forêt Patrimoine".
Ce label national n’est décerné qu’à un nombre limité de forêts domaniales, remarquables à par leur caractère environnemental et par les ressources patrimoniales qu’elles enferment.
La forêt domaniale de Verdun répond parfaitement à ces deux critères. Née sur le plus grand champ de bataille au monde, dont elle conserve les innombrables vestiges et marqueurs mémoriels, la domaniale de Verdun présente par ailleurs une biodiversité exemplaire en Lorraine, comme en témoignent les colonies de chiroptères et d'amphibiens qui peuplent les ouvrages militaires et les trous d’obus.
La mise en œuvre du projet de labellisation se décline en trois temps forts :
- la sauvegarde et la conservation du patrimoine historique, mémoriel et naturel du site ;
- la mise en valeur paysagère de l’espace forestier ;
- le développement d’un tourisme éco-responsable avec en ligne de mire le Centenaire et l’après Centenaire de la Grande Guerre.
Ce projet, qui s’inscrit dans le programme du Temps de l’Histoire mis en application par le département de la Meuse, doit être consensuel. De fait, il rassemble d’autres partenaires autour de l’ONF et du Conseil général :
- l’Etat et ses services
- le Conseil Régional
- la Communauté de commune de Charny sur Meuse
- la ville de Verdun
- les acteurs associatifs meusiens
Un comité exécutif, placé sous la double présidence de M. Namy, Président du Conseil général et de M. Renaud, Directeur Territorial de l’ONF Lorraine, a été constitué. Il s’appuie sur un comité de pilotage articulé autour de commission d’étude :
- la Commission Histoire et Archéologie
- la Commission Forêt Environnement
- la Commission Paysages
- la Commission Tourisme
Des investissements structurants seront réalisés dans le cadre de la labellisation « Forêt d’exception » :
- des aménagements paysagers pour une lisibilité et une compréhension plus fines des sites et des événements historiques ;
- la réhabilitation de la route reliant les villages détruits, entre Louvemont et Ornes, ouvrant de nouvelles perspectives de découverte dans une zone riche en espèces animales et végétales remarquables ;
- un espace d’accueil et de sensibilisation des visiteurs ;
- la création de sentiers balisés éco-responsables ;
- le lancement d’une campagne de détection des vestiges archéologiques dans le cadre du projet LIDAR.
Ce projet, qui s’inscrit dans le temps long, est l’un des axes forts du développement du territoire meusien pour la prochaine décennie.
L’EMERGENCE DE LA FORET MEMOIRE
De tous les départements français, celui de la Meuse fut le plus durement touché par la Grande Guerre. Quatre années terribles de destructions et de combats ininterrompus ont à jamais marqué son territoire. Des villages, des champs, des vergers, des bois furent totalement engloutis par de terribles bombardements.
A l’Armistice de 1918, le paysage bucolique des collines de Meuse s’était pétrifié en un désert lunaire, terre d’apocalypse polluée de millions de tonnes de munitions et de ferrailles, auxquelles se mêlaient les restes de dizaines de milliers de corps. Le champ de bataille de Verdun, décrété « zone rouge », se figeait en un haut lieu du souvenir sacralisé.
Si Verdun résonne toujours dans l’imaginaire collectif comme le symbole de la Grande Guerre, le champ de bataille de 2010 n’a, en apparence, plus rien de comparable avec celui de 1916. Le « no man’s land » a laissé place à une magnifique forêt domaniale qui, peu à peu, a esthétisé le paysage de guerre. Une végétation ample, peuplée de nombreuses espèces animales, s’est développée cependant que demeuraient, « dans leur jus », les sites de combats (forts et ouvrages, boyaux et tranchées). Un vaste espace mémoriel se construisait en parallèle, autour des cimetières, des monuments.
Sous le dôme vert de cette forêt sépulture, les traces et vestiges de la Grande Guerre livrent, presqu’un siècle après, un témoignage d’une authenticité toujours saisissante.
Mémoire et forêt ont longtemps vécu en concurrence, l’une lorgnant sur le territoire de l’autre, sans qu’aucune des deux, en définitive, ne s’impose. Car forêt et mémoire vivent nécessairement en symbiose. La forêt domaniale de Verdun doit sa création à la guerre : elle fut construite par l’homme sur un sol entièrement mis à nu. Si la mémoire a survécu à la reconstruction et à l’altération du temps, c’est parce que la forêt en a préservé les traces.
Aujourd’hui, il est fondamental de prendre la pleine mesure de l’exceptionnelle richesse d’un patrimoine où nature et histoire doivent cohabiter en harmonie.
Le Conseil Général de la Meuse s’engage aux côtés de l’Office National des Forêts dans la perspective du Centenaire de la Grande Guerre (2014-2018). Gestionnaire des Forts de Douaumont et de Vaux, ainsi que de nombreux sites emblématiques du champ de bataille de Verdun, le Conseil Général se mobilise dans une politique de développement touristique éco-responsable. S’inscrivant dans la durée, cette politique fait le choix de l’équilibre entre respect d’un milieu naturel remarquable et préservation d’un patrimoine mémoriel qui constitue un bien commun à l’humanité toute entière.
Le projet « Forêt d’Exception » trouve en Meuse une expression accomplie : ce choix de gestion et de développement, volontariste et consensuel, va dans le sens de l’histoire.
Revue de presse :
Est Républicain du 17 janvier 2012 : "Au nom du ministre..."
Est Républicain du 16 octobre 2011 : "Louvemont à nouveau accessible"
Crédit Photo : Forêt domaniale de Verdun - © Jean-Luc KALUZKO
