Biographie du Mois - Mai 2012
Otto Dix, l’expressionisme d’un « peintre-mitrailleur » au service du pacifisme
I) 1891-1914 : Naissance et formation d’un talent expressionniste
Otto Dix naît à Umtermhaus, en Thuringe, le 2 décembre 1891. Son père Franz est ouvrier dans la métallurgie. Sa mère Pauline éprouve un vif intérêt pour l’art, musique et peinture, qu’elle transmet à son fils. Entre 1905 et 1909, il suit une première formation d’apprenti dessinateur, dans la ville la plus proche, Gera, auprès de Carl Senff, peintre spécialisé dans les paysages. Ce dernier émet des réserves sur les capacités de son élève. Toutefois, Otto obtient une bourse pour suivre, entre 1910 et 1914, les cours de l’Ecole des arts appliqués de Dresde. Son style expressionniste s’affirme. Allant plus loin, il réalise quelques œuvres cubistes ou futuristes. La Bible et les œuvres de Goethe et de Nietzsche sont des sources d’inspirations essentielles du peintre.
II) 1914-1918, la Grande Guerre une expérience traumatisante
A la déclaration de guerre d’août 1914, Otto Dix se porte volontaire. Initialement versé dans une unité d’artillerie, il reçoit une instruction de mitrailleur et sert en première ligne sur de nombreux fronts : Champagne, Somme et Russie. Lors de ses moments de repos il tient un carnet de croquis qui au terme des hostilités comportera plusieurs centaines de dessins. En août 1918, il est sérieusement atteint au cou, lors des batailles de Flandres. L’armistice de novembre 1918 le trouve dans un lit d’hôpital. La paix revenue, il ne parvient pas à se détacher des nombreux souvenirs des horreurs vécues. Sa production picturale dans les années de l’entre-deux-guerres s’en ressent fortement.
Les joueurs de Skat d’Otto Dix (1920)
III) 1920-1933 : La consécration officielle
De 1919 à 1922, Otto Dix achève ses études à Düsseldorf. Il prend part à la Nouvelle Objectivité (Neue Sachlichkeit), mouvement artistique succédant à l’expressionnisme et dont les membres sont conscients de leur responsabilité politique. En 1927, il devient lui-même professeur, à Dresde. L’un de ses travaux les plus emblématiques, sur le thème de la guerre, s’intitule sobrement La Guerre (Der Krieg). L’œuvre dénonce la guerre et ses conséquences tragiques. La gloire et l’héroïsme sont absents, au profit de la boue, des mutilations, de la mort et de la futilité.
Triptyque Der Krieg d’Otto Dix (1924)
IV) 1933-1945 : La traversée du désert
Avec l’arrivée des nationaux-socialistes au pouvoir, l’œuvre d’Otto Dix est considéré comme « dégénérée ». Déchu de son poste d’enseignant et menacé d’internement, Otto Dix décide de quitter la vie publique et de se retirer à Randegg, puis à Hemmenhofen dans le sud-ouest de l’Allemagne. Il continue de peindre mais seulement des paysages. Ses toiles précédentes, expressionnistes, sont retirées des musées et subissent un sort variable : oubliées, brûlées ou encore offertes aux yeux du public dans le cadre de l’exposition « Entarte Kunst » (Art dégénéré). A l’automne 1944, le cours catastrophique des opérations militaires menées par la Wehrmacht, rattrape Otto Dix. Pour compléter les pertes, une levée en masse des hommes de 16 à 60 ans est ordonnée et Otto Dix intègre le Volkssturm. Son unité est déployée en Alsace et affronte l’armée française par laquelle il est capturé.
V) 1945-1969 : Mis à l’honneur par les deux Allemagne
Rendu à la vie civile, Otto Dix ne s’engage pas dans les nouveaux courants qui traversent la RDA comme la RFA. Cependant, les deux Etats tentent de s’attirer ses faveurs et lui remettent de nombreuses distinctions et prix. Otto Dix s’éteint, suite à un infarctus, le 25 juillet 1969 à Singen. Sa sépulture est au cimetière d’Hemmenhofen.
Par Romain SERTELET
A admirer :
L’Historial de la Grande Guerre de Péronne consacre à cet artiste une salle où sont exposées une série de 50 eaux-fortes.
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Crédit Photo : Otto Dix - © lewebpedagogique.com
Les joueurs de Skat d’Otto Dix (1920) - © Galerie Nationale de Berlin
Triptyque Der Krieg d’Otto Dix (1924) - © Gemäldegalerie, Dresde
Exposition Entartete Kunst en 1937 - © Bundesarchiv