Discours du Mois - Juin 2013
Discours de Christian Namy, Sénateur, Président du Conseil général de la Meuse, co-Président de l’Association Paysages et Sites de mémoire de la Grande Guerre à l’occasion du colloque « Construire l’avenir des paysages et sites de mémoire de la Grande Guerre. Protection, valorisation, sensibilisation, transmission » à Paris le 8 juin 2013.
"Mesdames, Messieurs,
En 2008, le Conseil général de la Meuse votait à l’unanimité le rapport présenté par le contrôleur général des armées Serge Barcellini sur la redéfinition du positionnement mémoriel du département en vue du Centenaire de la Grande Guerre.
Parmi les projets proposés figurait l’inscription des paysages et sites de mémoire de la Grande Guerre au Patrimoine mondial de l’Unesco, en tant que prolongement naturel de la réalité mémorielle de Verdun et de la Meuse.
Département de l’histoire, la Meuse s’impose comme le département de l’authenticité, dans lequel le champ de bataille de Verdun joue un rôle moteur, en symbiose avec les autres zones historiques que sont le Saillant de Saint-Mihiel, l’Argonne et les arrière-fronts.
La Meuse fut longtemps le département de la souffrance : au lendemain de la guerre, elle découvrait, exsangue, des dizaines de milliers d’hectares de terrains ravagés, une centaine de villes et villages ruinés et 450 000 tués au combat sur son sol. Pays de tombes, de tranchées, de zones rouges, la Meuse est souvent perçue comme un pays martyr.
Mais aujourd’hui, à la veille du formidable tournant symbolique que sera le Centenaire de la Grande Guerre, nous souhaitons transformer cette tragédie historique en une chance pour l’avenir de notre territoire.
Le Centenaire sera un événement citoyen, touristique et culturel de portée internationale.
Le projet d’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco des paysages et sites de mémoire de la Grande Guerre s’inscrit directement dans cette réflexion.
A travers notre engagement pour ce projet, nous voulions nécessairement nous inscrire dans l’ensemble cohérent que constituait l’ancien front occidental sur le territoire français.
Il s’agit avant tout d’un hommage à tous ceux qui se sont battus sur ces champs de bataille, de quelque nationalité qu’ils fussent. Mais il s’agit aussi de construire, à partir du déchirement, une ère de paix et de compréhension qui dépassera les histoires nationales au profit d’une histoire partagée des nations.
Pour mener à bien ce défi, 12 départements français de l’ancien front occidental se sont fédérés il y a 2 ans pour créer une association qui porterait le projet, en commun avec la Belgique.
Ces départements ont été choisis selon un critère historique, puisqu’il s’agit des territoires ayant reçu des indemnités de l’Etat à partir de 1919 pour leur reconstruction.
En tant que Meusien, et en collaboration avec mon homologue du département de l’Aisne Yves Daudigny, j’ai souhaité porter ce projet d’exception pour l’avenir de nos territoires.
Ainsi, dans chaque département, des équipes sont à l’œuvre, travaillant en étroite collaboration avec les acteurs locaux, élus, collectivités locales, gestionnaires de sites, associations et historiens. Ensemble, et en concertation avec leurs homologues des autres départements, ils mettent tout en œuvre pour défendre l’exceptionnalité de nos patrimoines.
Un travail en commun est également mené avec nos amis belges, et des contacts ont d’ores et déjà été pris avec les représentants de la Commonwealth War Graves Commission britannique, du VDK allemand, de l’American Battle Monument Commission américaine et du Pôle des sépultures de guerre et des hauts-lieux de la mémoire nationale français qui gèrent les nécropoles des anciennes nations belligérantes.
L’association porte en outre ce dossier auprès des ambassadeurs de toutes les nations autrefois engagées dans ce conflit, et engage nombre d’actions de sensibilisation auprès du grand public, telles que le colloque qui nous rassemble aujourd’hui.
Nous avons à ce titre créé un compteur de soutien, que je vous engage à aller, nombreux, alimenter sur le site internet de notre association. Nous comptons sur vous.
Notre projet est ambitieux.
Jamais autant de paysages et de sites incarnant l’histoire de plus de 50 nations n’auront fait l’objet d’un projet commun.
Au début de cette année, nous avons déposé au Ministère de la Culture français notre demande d’inscription sur la liste indicative du patrimoine mondial. C’est une étape importante, sans laquelle le Comité du patrimoine mondial ne peut étudier une proposition d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial. Nos amis belges avaient déjà réalisé cette démarche en 2002.
Nous mettrons tout en œuvre afin que l’après Centenaire ne devienne pas le temps de l’oubli progressif de la mémoire de la Grande Guerre et de son patrimoine, mais bien l’occasion de les pérenniser à un haut niveau d’exigence.
Rares sont les projets dont nous pouvons dire qu’ils ont une portée universelle exceptionnelle : c’est pourquoi nous le défendons avec passion afin d’obtenir une inscription à l’horizon 2018.
Je vous remercie."
Christian NAMY
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