Film du Mois - Juin 2011
Johnny s'en va-t-en guerre de Dalton Trumbo
Rôles principaux : Timothy Bottoms (Johnny Bonham), Kathy Fields (la petite amie de Johnny), Diane Varsi (une infirmière) ; Donald Sutherland (Jésus Christ).
Johnny s’en va-t-en guerre (titre original : Johnny got his gun ) est l’adaptation du roman éponyme publié en 1939 par Dalton Trumbo, qui assura lui-même la réalisation du film en 1970.
Scénariste de l’Exodus, de Spartacus et de Papillon, Dalton Trumbo collabora avec réalisateurs de premier plan, comme Stanley Kubrick, Frank Capra ou Otto Preminger. Ses positions politiques, dans les années de tourmente du maccarthysme, l’avait marginalisé du cercle d’influence des grandes maisons de production américaines. Bien que novice en matière de réalisation, il mena son projet à bien, épaulé par son maître et ami Luis Buñuel .
Johnny Bonham est un jeune soldat américain s’étant engagé pour connaître « l’aventure » de la Grande Guerre en Europe. Affreusement mutilé lors de l’explosion d’un obus, il perd tous ses membres ainsi que l’usage de la vue, de l’ouïe et de la parole. Défiguré, incapable de communiquer directement avec son entourage, plongé dans un coma apparent, Johnny est maintenu en vie à des fins d’expérimentations médicales.
Bien qu’il soit en mesure de bouger la tête, ces soubresauts sont interprétés comme des réflexes musculaires absolument involontaires. Le jeune homme prend alors conscience de son total enfermement physique et mental, bien qu’il perçoive la présence humaine autour de lui, et notamment celle d’une infirmière. Cette dernière pressent que le jeune homme possède encore ses facultés mentales : il frappe son oreiller avec sa tête afin de communiquer en morse. Ce sera le seul lien que Johnny pourra espérer entretenir avec le monde extérieur.
Le film repose sur le huis-clos angoissant dans lequel Johnny se trouve irrémédiablement plongé. Pour échapper à son sort tragique, il tente de dévier ses pensées vers un univers de souvenirs et de rêves. Le temps présent est tourné en noir et blanc, cependant que les flash-back et les évocations oniriques sont en couleur. La voix du jeune homme, seulement perceptible par le spectateur, ajoute à la tension qui imprègne un film sobre et épuré.
Tiré d’un ouvrage interdit durant la Seconde Guerre mondiale, Johnny s’en va-t-en guerre sortit en salle dans le contexte de la guerre du Vietnam. Il montre avec une force rarement égalée l’absurdité cruelle de la guerre à travers un combattant déshumanisé et instrumentalisé. Le film fut primé au festival de Cannes de 1971.
Rubrique écrite par Antoine RODRIGUEZ,
Directeur-adjoint de la Mission Histoire
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Crédit Photo : © Johnny s'en va-t-en guerre