Livre du Mois - Décembre 2011 / Janvier 2012
L'aviation française 1914-1918
Georges Pagé offre un panorama général et vivant de l’histoire de l’aéronautique militaire française dans la Grande Guerre, accessible à un vaste public. Avec raison, l’auteur fait débuter son récit aux premiers balbutiements de l’utilisation militaire de l’aviation. Il rappelle que la première mission de reconnaissance est l’œuvre de la France, en juin 1910. A cette époque le pays est en avance dans ce domaine par rapport à l’Allemagne. Mais de nombreux généraux sont extrêmement réticents. On ne peut faire autrement que de citer les mots du général Foch : « L’aviation pour l’armée, c’est zéro ». De ce fait, à la déclaration de guerre d’août 1914, avec ses 144 appareils de types hétéroclites et une Direction du service aéronautique du GQG réduite à une poignée d’hommes, l’aviation française est en sérieuse infériorité. Malgré cette situation délicate, elle joue un rôle décisif dans le redressement français de la Marne, en découvrant le glissement de la I. Armee de Kluck à l’est de Paris. Mieux considérée par le commandement, elle réussit lentement à rattraper son retard pour parvenir à l’équilibre en 1916. George Pagé aborde la naissance des différentes spécialités de la composante aérienne. La première mission de bombardement décolle de Verdun, le 14 août 1914, pour détruire un hangar à dirigeables de l’aérodrome de Frescaty, à Metz. La genèse de la chasse est plus ardue. Même si la première victoire aérienne intervient en octobre 1914, le palmarès français se réduit à huit succès jusqu’en juillet 1915. Un chapitre complet du livre revient sur les faits d’armes d’Henri de Navarre, lors de la bataille Verdun où il gagne le surnom de « nettoyeur du ciel de Verdun ». A côté des parcours d’icônes comme Fonck, Guynemer, Roland Garros…, l’ouvrage rend hommage à des aviateurs de talent aujourd’hui tombés dans l’oubli. A titre d’exemple on peut citer le meusien René Dorme, membre du GC 12 des Cigognes. Disparu dans des circonstances mystérieuses, en mai 1917, il comptait 23 victoires homologuées et 70 non reconnues. Le livre souligne également les incroyables progrès techniques que connurent les avions pendant les quatre ans de guerre, révolutionnant le combat aérien. Un des mérites de l’œuvre est de rapporter nombres d’anecdotes, rendant la lecture particulièrement plaisante. Enfin, Georges Pagé relève la déception des aviateurs au lendemain de la Grande Guerre. Alors que René Fonck est le soldat de France au plus long ruban de la croix de Guerre, avec 28 palmes, aucun appareil ne participe au défilé de la Victoire de juillet 1919.
Par Romain SERTELET
Notice bibliographique :
PAGE Georges, L’Aviation française 1914-1918, Paris, Grancher, 2011, 351 p.
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L'Armistice de Rethondes | Les camions de la victoire 1914-1918 | |
Pierre RENOUVIN | Jean-Michel BONIFACE et Jean-Gabriel JEUDY |
Crédit Photo : © Grancher